
Aliocha Boi, photographe aux voyages colorés
Voyageur depuis l’enfance, Aliocha Boi photographie les couleurs chaleureuses de l’Inde, Cuba ou de la Sardaigne. Il sortira un livre en avril prochain lors d’une performance live accompagnée par un compositeur.
Du tee-shirt jusqu’au Dc Martens, Aliocha Boi entre dans la salle A220 de La Sorbonne-Nouvelle entièrement vêtu de noir. Mèche rebelle, bague en argent, slim noir… le casque de moto manque à peine au tableau pour terminer le look de bad boy du franco-canado-italien de 28 ans. Son allure sombre contraste avec ses photographies prises en voyage, de l’Italie à Cuba jusqu’en Inde. Destinations qu’il a justement choisi pour leurs couleurs. Le jeune homme réservé essayerait-t-il de panser sa mélancolie par la chaleur d’un ailleurs ? Son dernier projet en date l’a en effet mené dans une contrée colorée : un travail personnel autour des racines et de la mémoire qui l’a guidé jusqu’en Sardaigne, retrouver sa grand-mère.
Photographe humaniste
Les couleurs des sentiments transparaissent autant que les couleurs des paysages dans ses photographies. Son site internet expose des photographies conventionnelles et balisées -photographies « corporate » notamment – et dévoile son envie de relater le réel, de sublimer la part d’humanité en chacun. Au delà de son apparent statut d’«influenceur » sur Instagram se cache un jeune homme discret, observateur et à l’écoute. Le travail dont il est le plus fier ? “Un projet avec l’Unicef autour des réfugiés”. Cette série photographique relevait du défi sur le plan technique comme humain : il s’est initié au polaroid et a passé de longs moments à se lier d’amitié avec des migrants, Porte d’Aubervilliers et à La Chapelle à Paris avant de pouvoir les photographier.
Un électron libre de la photographie
A la fois partout et nulle part chez lui, il avoue :«Je n’ai pas vraiment de QG». Sa mère est italienne et historienne de l’art, son père architecte. De ce dernier il tient son intérêt pour les formes et lignes géométriques qui l’a poussé à s’intéresser à l’urbex. Il se penche sur la photographie de lieux urbains abandonnés de façon autodidacte alors qu’il est étudiant en communication à La Sorbonne-Nouvelle dans l’optique de devenir journaliste. Grâce à instagram et à une pointe de chance, ses photographies coloristes influencées par Alex Webb et Hans Grunert l’ont vite fait remarquer.
Multiplicité des techniques
Pour vivre de son art en tant que freelance, il alterne entre projets alimentaires de type “corporate” et projets personnels. Il explique : “vivre en tant que photographe freelance est très compliqué. Je trouve dans ce fonctionnement un bon compromis ». En “perpétuel questionnement”, le jeune photographe songe déjà à diversifier ses pratiques vers le texte, la vidéo, le son et la réalité virtuelle. Sa prochaine aventure? Vivre avec les voyageurs de troisième classe du Transsibérien et en réaliser une série de clichés.
Alizée Le Diot